Embaumement et pratiques religieuses

Les exemples les plus connus d’embaumement des corps des défunts remontent à la période antique. Contrairement à beaucoup de civilisations pour lesquelles la crémation était la règle, les Égyptiens utilisaient des techniques élaborées destinées à conserver les corps. Les organes et les chairs étaient séparés et traités différemment : conservés dans des vases dits « canopes », les viscères étaient extraits du corps. La peau du visage et du corps était, elle, entièrement enduite d’huile pour la rendre plus souple et la parfumer.

C’est de cette pratique particulière que vient le mot « embaumer », c’est-à-dire littéralement « mettre dans le baume ». Enfin, le corps était entouré de bandelettes, donnant au défunt son apparence de « momie » telle qu’elle s’est transmise jusqu’à aujourd’hui. Les résultats de ce traitement ont permis de retrouver des corps datés de plusieurs milliers d’années dans un état de conservation exceptionnel. En Europe cette pratique n’a été utilisée semble-t-il que pour de rares cas de rapatriement des corps des soldats morts dans de lointaines contrées au cours des croisades.

Évolution des pratiques

L’embaumement est au départ une pratique découlant des croyances religieuses : les Égyptiens pensaient qu’il fallait préserver au maximum l’intégrité du corps des défunts, afin qu’ils puissent en avoir l’usage au cours de leur deuxième existence dans le monde des morts. Les civilisations occidentales voient davantage dans l’utilisation de l’embaumement une technique permettant de conserver un corps dans un état permettant soit son transfert vers son lieu d’inhumation dans les meilleures conditions sanitaires et de conservation, soit sa conservation à des fins d’étude scientifique.

Les anatomistes de la Renaissance se sont ainsi essayés à différentes techniques de conservation de leurs spécimens. Lors de la guerre de Sécession aux États-Unis, des techniques qui s’apparentent à de l’embaumement sont mises en œuvre pour pouvoir renvoyer dans leur foyer dans des conditions optimales les corps des officiers tués au cours de batailles menées très loin de chez eux. À cette époque une jeune discipline prend son essor sous l’impulsion du médecin français Jean-Nicolas Gannal, ou encore des Américains Thomas Holmes et Auguste Renouard, précurseurs de la thanatopraxie moderne.

Histoire d’un mot

L’apparition du terme « thanatopraxie » doit beaucoup en France aux efforts de Jacques Marette, un entrepreneur alors grand observateur des pratiques dispensées aux États-Unis. Dès les années 1950 il perçoit les différences du procédé moderne avec les méthodes ancestrales d’embaumement, et cherche à lui attribuer un nom tout en le faisant connaître auprès des médecins et des pompes funèbres.

Au cours d’un voyage au Québec en compagnie d’André Châtillon, directeur d’une importante entreprise de pompes funèbres dans le sud de la France, les deux hommes se mettent d’accord pour adopter une terminologie héritée du mot grec « Thanatos » signifiant la mort. Juxtaposée au verbe « praxein » qui voulait dire « opérer » ou « traiter », elle permet la formation d’un mot aux accents modernes et scientifiques. La thanatopraxie était née, et le mot fit son entrée dans le dictionnaire en 1975.