La thanatopraxie définitive

Comme le pratiquaient les Égyptiens il peut arriver qu’un corps puisse être conservé pendant des siècles grâce à des soins de conservation modernes et particulièrement poussés. Le but est alors non pas de retarder la décomposition du corps, mais de l’empêcher complètement. On utilise pour ce faire du formol pur (et non dilué), ainsi que d’autres produits puissants comme de l’acide salicylique, du sulfate de zinc, ou de l’alcool à 90 degrés. Pétrification des muscles, puis dessication totale du cadavre en résultent, qui rendent impossible la putréfaction des chairs.

Cependant ces techniques très invasives ont l’inconvénient de faire perdre quelque peu de son aspect naturel au corps du défunt, c’est pourquoi elles sont accompagnées de soins spécifiques en direction des parties visibles du corps : paraffine injectée dans le visage pour lui conserver sa rondeur, ou glycérine injectée dans les muscles pour leur éviter un affaissement trop visible dû à la déshydratation. Pour terminer, la conservation du corps dans un cercueil hermétiquement fermé, et doublé de plomb, contribue à ralentir encore la thanatomorphose.

Questionnements contemporains

Outre les questionnements entourant les risques écologiques et sanitaires que fait courir la pratique de la thanatopraxie aux praticiens, et à l’environnement, se posent aussi des questions éthiques d’encadrement de la profession. En France la thanatopraxie définitive est formellement interdite. Quant aux soins de conservation prodigués dans le cadre des obsèques, ils sont sujets à un flou artistique parfois entretenu par les entreprises de pompes funèbres elles-mêmes.

Ainsi sont parfois facturés des « soins de conservation » qui s’apparentent davantage à des soins « esthétiques », ou bien à l’inverse les familles se voient imposer des soins de thanatopraxie sous prétexte d’impératifs de transport inexistants. Le Défenseur des Droits relève en 2012 un manque criant d’information et une grande confusion existant dans l’esprit des familles et des maires, tout autant que des lacunes dans la protection des praticiens et dans la formation des futurs thanatopracteurs. Cependant on observe une progression régulière de cette pratique, dont le coût varie entre 200 et 300 euros, et qui serait pratiquée sur 40 à 50 % des défunts.

Méthode alternative de conservation des corps…et élimination des composants organiques ?

La pratique de la thanatopraxie n’est pas toujours une solution aisée à mettre en place, et dans certains pays, ou dans le cas de certaines causes de décès, elle est tout bonnement interdite. Les familles peuvent avoir recours à une autre méthode de conservation du corps de leur défunt : la conservation par le froid. Il s’agit de placer sur différents endroits du corps de la glace carbonique extrêmement froide (jusqu’à moins 96 degrés) afin de faire geler ces parties du corps, puis de pouvoir les conserver grâce à un lit ou une rampe réfrigérants. Ce procédé ne nécessite aucune autorisation particulière, et permet aux familles de veiller leur défunt à domicile grâce à la location d’équipements dédiés.

Il est par ailleurs à noter qu’une tendance voulant aboutir à l’élimination totale des composants organiques se développe parallèlement au succès des pratiques de thanatopraxie : l’aquamation funéraire se réclame de pratiques ancestrales d’inhumation dans l’eau, se veut écologiquement respectueuses, et procède par dissolution des chairs grâce à un procédé d’hydrolyse alcaline…